Week- end : je reviens de Terjit  (reportage photos)

lun, 03/27/2017 - 10:14

L’image contient peut-être : une personne ou plus, arbre, ciel, plein air et natureAu lendemain de la sortie médiatique, jeudi dernier, du président Mohamed Abdel Aziz  pour répondre à la «  révolte  des sénateurs », des averses torrentielles de commentaires se déversèrent  de partout  (dans les maisons, rues, bureaux, taxis, marchés…). Une frénésie   à fumée étouffante, déclenchée  à base d’arguments incendiaires  entre les critiques et les apologistes des amendements constitutionnels. Une ambiance lourde de conséquences et d’amertume.

Cœur lourd, poumons enflés, yeux larmoyants, je me devais de  sortir de cette touffeur.  J’ai besoin de respirer l’air pur,  humer la fraicheur, sentir le parfum,  gouter la joie, tâter la douceur, écouter le silence.

 

Direction Terjit.

Le kilométrage indiqué sur les bornes routières  régressait  à mesure que le véhicule filait vers le nord.  Asmaa, Akjoujt , yaghref, Atar enfin vers deux heures du matin.

Petit somme avant l’aube, ziyara (visite) matinale de vendredi au cimetière des endormis continuels puis cap sur Terjit.

Vers midi, j’arpente hâtivement l’étroit sentier qui mène à la source éternelle. M’y voila !!! Oh yayaye !!! Presque plus de place sous la grotte.

A l’Est, le camp : « colonie de vacances » des élèves de l’école Turque de Nouakchott. Des jeunes garçons et filles Mauritaniens et leurs encadreurs.

Au centre, dans la petite tente, exténués,  après une randonnée chameliere, des  européens s’étirent et se déchaussent.

Non loin d’eux, un officier supérieur Mauritanien en civil , entourée de sa femme et enfants en bas âge.

Dans la grande tente, des jeunes  filles  Mauritaniennes,  bien dans leur voile de luxe et lunettes de soleil, ne se sentent pas dépaysées et jouent aux «  hindoues » .

 

La bas, au fond sud, de jeunes adultes, en chemises et derm Essirwal, assis en tailleur, perpétuent la mode des années 70, en jouant à la belote aux cotés d’une nana qui leur sert du thé moussé et moussant.

En haut, à l’Est, les cris d’enfants pataugeant dans le ruisseau et glissant sur les algues lisses.

Trop « populi » pour moi tout ça.

Avant de rebrousser chemin, je me dois en ce jour de communion, d’assouvir  ma soif et faire mes ablutions par  cette eau miraculeuse.

Avec   les gouttelettes  que  me prodiguaient les mamelles (stalagmites)  de la roche,  je m’applique à laver soigneusement  mon visage, m’attardant sur mes yeux, demandant à Dieu de préserver ma vue toute ma vie.

Sur mon nez et mes narines,  Lui demandant de me protéger des sinusites et rhumatismes.

Gargouiller l’eau dans ma bouche, Le priant de rendre mon sourire plus séducteur et mes molaires plus résistantes.

Frottant mes avant bras, Lui sollicitant force , santé et  mobilité.

Astiquant ma tête,  L’implorant de m’épargner  calvitie et perte de cheveux.

Décrassant  les doigts et orteils de mes pieds, L’adjurant d’éliminer tous mes péchés et me guider sur le droit chemin.

 

Chez  jemal Terjit

 

Voyant qu’il n’y’a pas de place pour prier et satisfaire d’autres besoins, je sortis me dirigeant vers le quartier.

A deux cent mètres de là, une plaque affichait : «  Chez  jemal Terjit » et fléchait un endroit.  J’y fis irruption.

Un petit  ilot de raffiné sable immaculé, entouré de palmiers verdoyants et adossé au pied de la montagne.  Au milieu, un gigantesque arbre ombrage tout le pourtour. Quatre petites tentes blanches bien rangées cote à cote   égayent l’espace.

A droite, une pergola spacieuse en branches de palmiers et sbatt  ,  accrochée ingénieusement au tronc d’un vieil acacia, sert de grand réfectoire et fait face à la cuisine, seul bâtiment en béton dur avec le bureau du gérant.

Mes yeux restent braqués sur  une rangée de box – latrines (premier soucis), visiblement bien propres  et discrets , derrière des arbustes touffus et plans (Tanghal) de  palmiers.

A l’est, un perron ciselé dans la roche surplombe cette splendide féerie.

Jemal , le propriétaire des lieux, bien dans sa tenue sportive sous casquette, me salua bedouinement, tenant dans la paume de sa main une tabatière et de l’autre, une pipe qu’il ne cesse de curer à l’aide d’une fine  tige en bois.

Il me souhaita bienvenue, me communiqua les différents tarifs ,m’installa, et ensemble, nous convenons le programme de séjour.

Crudités, riz a la sauce au déjeuner, balade en escaladant la montagne nord par le sentier des chameaux et descente sur la source.

Soupe, spaghetti à base de tomate au diner, palabres avec les autres visiteurs. Ce soir : Allemands, Mauritaniens venus de Nouakchott, une portugaise, un Français.

Samedi : Après le petit déjeuner, escalade de la montagne sud, visite de la grotte : peinture rupestre et descente par sentier de la vache (Trig Al Bagra) jusqu’au pied de la passe N’Tourvine.

Crudités, poulets rôtis aux  frites, salade de fruits  au déjeuner, sieste, lecture, balade sur les dunes Ouest  en traversant le village.

Dattes, Cous cous sur vilké de chameau, dattes au diner, suivi d’échanges autour du thé animés par un guide spécialiste d’anecdotes, blagues et plaisanteries.

La cuisine est magistralement bien tenue par Dah MBareck pendant que le thé (gratuit) est assuré en continue par le sympathique Oumar qui n’oublie jamais de présenter l’assiette : arachide et Mbiscuite Sirghillé

Dimanche matin, Jemal appelle une agence de voyage, me réserva une place dans un minibus climatisé et m’accompagna jusqu’au croisement Rass Taref  où le bus nous attend.

 

Sensations et constat

 

Tout au long de ce séjour,  j’ai constaté que :

L’air pur que j’absorbais  profondément,  remplissait les alvéoles de mes poumons et du coup refoulait toutes les pollutions qui y étaient cumulées,  répandant, en leur place, un oxygène limpide et reconstituant.

En ce mois de printemps, le parfum des fleurs et plantes me chatouillait les narines et remontait en moi  une fraicheur intérieure qui m’apaisait et encensait ma conscience.

La contemplation du firmament lors des levers et couchers de soleil et l’observation  des splendides paysages, pâturages et  panoramas,  illumine  l’esprit et active l’intelligence.

La marche occasionne  les transpirations qui éliminent tous les déchets toxiques et astiquent nerfs, artères et veines. Les articulations se libèrent mettant fin aux courbatures, crampes et douleurs au niveau des genoux et dos.

Le silence  en marchant, le silence  en priant, le silence en dormant, refoule strees, nervosité et apporte sérénité et maitrise de soi.

Ce séjour m’a couté en tout, un peu moins de 30.000 UM (voir facture jointe). Ce qui me conduit à projeter de passer tous les mois, un Week End chez Jemal .

Au retour à Nouakchott, je me sens moins sensible aux pressions du quotidien et moins versé à écouter les blabla à propos de la révision constitutionnelle.

 

 

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