Oualata (Poéme)

ven, 03/24/2017 - 15:48

Accrochée  à flanc de colline, ocre et sereine

Oualata, fière et altière, telle une  reine

Egrène ses souvenirs  du temps des razzias

Et des  litanies vespérales des  zaouïas

Qui hantent la vieille ville des Messoufa

Peuplée de pieux Mhajib et nobles Chorfas

 

Elle se remémore l’époque ou, comme Ghana,

Elle surpassait en  renommée,  Damas et Sanaa

Et le temps béni des coursiers haletants d’Okba

L’âge d’or des exilés Andalous de Cortoba

De Shbilya, Saragossa et  Gharnata

Et la venue des lettrés Tinwajiou et  Kounta

 

Et lorsque Sonni’Ali  dévasta Ras El Ma,

La fine fleur de la noblesse Aqit et Glagma

Barteyl et Laghlal, ainsi que les fils de Jakana

Firent de Birou,  une  nouvelle Medina

Un temple du savoir et de la divine foi

Révélée, jadis, au pays de Marwa et Safa

 

Puis vinrent d’Orient, Mbareck, Daoud et Bila

 Nobles Chevaliers Makil, de la lignée de Rabi’a

Porteurs de lances, de flèches et de carquois

Qui  ne surent jamais, ni comment, ni pourquoi

Leurs frères d’armes, farouches guerriers Meghafra

Se prirent soudain de passion pour Ta-Ha et Alif Lam Ra

 

Mars, bientôt, obscurcit le ciel de Oualata

Recouvrant le ksar du sang des vendettas

Puis le vent de la pacification, enfin, souffla

Lorsque les amis de la croix et du Walhala

Péniblement, vinrent à bout des méhalla

Sacrifiant  maintes âmes pures à l’eau delà

 

Un demi-siècle dura la pax Gallica

Mais contraint et forcé, le blond Gaulois abdiqua

Gobineau se trompait, tout comme Zarathoustra

Il n’y a pas  de race élue, sous le ciel d’Amon Ra

Le fin chasseur N’madi au nord de Oualata

Ne le cède en rien au  génie Transalpin de la Traviata

 

 

Libérée, l’antique foyer Soninkara

Ou résonnaient, naguère, Azer et Bambara

Se remit aux livres saints, à l’Alfiya

 Au Chifa, à Khalil, ibn Achir et ibn Teymiyya

Mais aussi au décor polychrome et à la croix

Semblable au symbole Abyssin d’Asmara

 

Douce  amie des vents, patrie des  Béni Salah

Me confieras-tu un jour ton secret, par Allah,

Est-ce le bleu de ton azur, l’air du Sahara

Si proche et si pur, ou le prestige et l’aura 

De tes hommes saints ou, enfin, ta baraka

Qui te confèrent ce charme subtil et délicat ?

 

 

 

 

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