Le sénat mauritanien vient de commettre la bourde de rejeter les propositions d'amendements constitutionnels, fruits d'un dialogue politique largement inclusif, les sempiternels boycottistes issus des marges de l'échiquier politique s'étant, comme à l'accoutumée, auto-exclus de ce dialogue.
Ce faisant, les vingt-et-un sénateurs de la Majorité qui ont décidé de joindre leurs voix à celles des douze sénateurs de l'Opposition, pour torpiller des réformes portées par une écrasante majorité du peuple mauritanien, ont indiscutablement cédé à un instinct de conservation politique, longtemps ménagé par le Président de la République. Je voudrais, à ce stade, rendre un vibrant hommage politique et citoyen aux vingt sénateurs qui ont tenu à rester cohérents avec les règles de jeu démocratiques, en avalisant un projet de loi proposé par le gouvernement et déjà adopté, à plus des deux tiers des voix, par leurs collègues de la chambre basse.
Dit prosaïquement: "il n'y a pas photo!", en ce qui concerne la signification, en terme de légitimité démocratique, du vote de cent-vingt-et-un députés, élus au suffrage direct et le reflexe nombriliste de seulement vingt-et-un sénateurs, élus depuis fort longtemps au suffrage indirect (celui des conseillers municipaux) et dont certains ne sont que d'improbables "suppléants"; les titulaires étant décédés ou ayant été nommés à d'autres fonctions officielles, vingt-et-un sénateurs arc-boutés, pour préserver des privilèges fort coûteux pour le contribuable mauritanien, vingt-et-un sénateurs ayant "usé" les bancs de la chambre haute, en y siégeant bien au-delà de la durée légale de leur mandat, vingt-et-un sénateurs qui écumaient quotidiennement les administrations publiques, à la recherche d'avantages indus, contrevenant ainsi à une réglementation sur le trafic d'influence, qu'ils ont adoptée et dont ils sont, en théorie, les protecteurs.
Vingt-et-un sénateurs, en majorité, séniles, peu instruits et politiquement "amortis", à force de retourner leur ...boubou, au gré des changements politiques.
Aujourd'hui, à la faveur de la décision courageuse du Président de la république, de renoncer volontairement, en dépit d'une popularité record et d'un brillant bilan sur tous les plans, à briguer un troisième mandat, les "rebuts" politiques de l'ère d'exception croient pouvoir continuer leur "manège" sordide; en lieu et place du nouveau "boubou" politique qu'il espérait étrenner, à l'occasion de leur vote erratique, chacun de ces vingt-et-un sénateurs vient, en réalité, d'enfiler son linceul politique, en prenant le risque de trahir la volonté populaire incarnée par les deux institutions détentrices de la légitimité démocratique: le Président de la république et l'Assemblée nationale. Il s'agit là d'un mauvais usage des libertés publiques défendues, contre vents et marées, par le Président de la république, son Excellence, Monsieur Mohamed OuldAbdel Aziz.
La fourberie des vingt-et-un sénateurs a été saluée (parfois revendiquée!) par le FNDU uni et en rangs dispersés, pour optimiser l'opportunisme politique, par certains symboles des années de braise de la dictature tayiste, par de gros bonnets des trafics illicites au Sahel et par les pourfendeurs attitrés de l'unité nationale, tous unis dans l'indignité et la nostalgie d'un passé à jamais révolu. Une telle"signature" en dit long sur la vulnérabilité (la vénalité!!) morale et politique de ces vingt-et-un pseudo-parlementaires.
Les effluves de la corruption émanent de ce qui fut une institution de la souveraineté nationale; les vingt-et-un sénateurs ont déshonoré les sénateurs actuels, ils ont également profané la mémoire de ceux qui les ont précédés dans cet auguste hémicycle, ils ont aussi trahi leur camp politique et ils ont enfin galvaudé la confiance de ceux qui les ont élus. Face à ce développement politique, somme toute mineur, le Président de la république dispose d'un éventail de réponses plus adaptées les unes que les autres: poursuivre la procédure d'adoption du projet de loi, via une commission conjointe des deux chambres parlementaires; renouveler le Sénat dont les mandats des membres actuels ont tous expiré; en appeler au peuple, via un référendum populaire, pour ne citer que quelques unes de ces nombreuses réponses possibles.
Les confettis oppositionnels mauritaniens ont la latitude d'égayer la galerie, le temps de faire des déclarations intempestives et de s'exposer, tels des éphémères, aux projecteurs des médias, à l'occasion d'un débat sérieux sur les problèmes de société du pays, mais ils savent qu'ils sont insignifiants face à la volonté du Président de la république et de la majorité politique écrasante qui le soutient dans son ambition légitime de moderniser le pays, une majorité qui inclut, aux côtés de la Majorité présidentielle, les forces politiques issues de l'Opposition, qui ont choisi de prendre part au dernier dialogue national et d'en soutenir les conclusions consensuelles. L'attitude veule des vingt-et-un sénateurs, face aux tentations miroitées par une Opposition rompue aux méthodes scabreuses du passé et face à leur déficit d'empathie à l'endroit du peuple mauritanien, cette attitude s'apparente à un hara-kiri politique, dont la seule conséquence est le déshonneur de ceux qui s'y sont résignés.