Identité, patrimoine et relation à l'autre : Des plasticiens algériens témoignent de leurs expériences à l'étranger

jeu, 12/04/2025 - 01:13

Le Palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger, plus précisément au niveau de la galerie Baya, a abrité une rencontre-débat-dialogue dans le cadre des activités de la 9e édition du Festival international de l'art contemporain. Des artistes plasticiens algériens résidant à l'étranger se sont réunis pour partager leurs expériences artistiques et discuter de l'impact de l'exil sur leurs pratiques créatives. Les intervenants se sont accordés à dire que l'espace artistique étranger leur a offert de nouveaux outils et de nouvelles techniques d'expression, mais que leur ancrage dans l'héritage algérien demeure la pierre angulaire conférant à leurs œuvres leur identité et leur singularité, l'authenticité étant précisément l'élément recherché par le public occidental.
L'artiste et galeriste Yasmina Azzi a évoqué son expérience dans la documentation de la mémoire plastique algérienne à travers des publications retraçant les parcours des pionniers de l'art plastique. Elle a souligné que la promotion de l'art algérien, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, constitue une nécessité culturelle. Elle a estimé que la mise en place du marché de l’art en Algérie, favoriserait l'émergence des talents créatifs et renforcerait la présence des artistes sur la scène internationale, tout en insistant sur l'importance d'un échange artistique accru entre les pays africains pour élargir les espaces d'exposition.
Elle a également appelé à offrir aux artistes l'opportunité de s'inscrire dans leur environnement en exposant leurs œuvres dans les institutions et organismes publics. Ce qui constituerait un élément constitutif de l'identité visuelle de cet environnement. Elle s'est particulièrement attardée sur son expérience avec la Grande Mosquée de Paris, où des œuvres d'art contemporain ont été intégrées à l'espace de la mosquée.
De son côté, l'artiste Yazid Oulab, résidant à Marseille, a affirmé que ses œuvres s'appuient principalement sur des symboles, des lettrages et des tatouages puisant leurs racines dans le patrimoine algérien. Ce trésor visuel lui confère une capacité de distinction au sein du paysage artistique européen. Selon lui, la combinaison des techniques modernes et de l'identité locale permet de produire des œuvres innovantes portant une empreinte culturelle nette.
Quant à l'artiste Rachid Nacib, installé en France, il a mis l'accent sur sa quête d'une vision artistique inhabituelle stimulant le spectateur à poser des questions sur les éléments puisés dans la culture algérienne, considérant l'art comme un langage universel fondé sur le ressenti et le renouveau. Il a précisé que son expérience constitue une continuité de son parcours initié en Algérie et nourri par les composantes du patrimoine plastique local.
De son côté, le plasticien Mourad Messouber a également présenté son long parcours en France depuis le début des années 1990, évoquant les difficultés rencontrées en début de carrière pour s'intégrer dans le milieu artistique étranger. Il a expliqué avoir surmonté cette phase en développant sa vision et en adaptant ses outils artistiques aux évolutions esthétiques, affirmant que le maintien de l'identité constitue le socle accordant à l'artiste sa force face aux défis de l'exil.
Enfin, la rencontre s'est terminée en présence du commissaire du festival, Hamza Bounoua, par la remise de médailles aux artistes participants au 9ème Festival culturel international d’art contemporain, et ce, en reconnaissance des œuvres présentées au public algérien, qui ont reflété la diversité des courants artistiques contemporains et l'esprit d'ouverture qui caractérise cette édition du festival.

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