François Fillon terrasse Alain Juppé

lun, 11/28/2016 - 10:36

Selon les chiffres disponibles dimanche à minuit, le député de Paris remporte la primaire avec 66,5 %des suffrages face à Alain Juppé.

Une victoire sans appel. Selon les résultats partiels dont nous disposions à minuit, François Fillon est le grand vainqueur du second tour de la primaire. La totalisation des résultats comprenant 9982 bureaux de vote (sur les 10.229 bureaux, Français de l'étranger compris) donne 66,5% des suffrages au député de Paris, contre 33,5% pour Alain Juppé. Le maire de Bordeaux ne vire en tête que dans deux départements métropolitains très symboliques: la Gironde, naturellement, et la Corrèze, ancien fief de Jacques Chirac. Partout ailleurs, son concurrent est arrivé en tête.

Alain Juppé a reconnu sa défaite et tiré sa révérance en annonçant qu'il allait se concentrer sur sa tâche de maire de Bordeaux.

Le maire de Bordeaux n'a pas tardé à reconnaître sa défaite. Après un bref passage à son QG de campagne, il s'est présenté à 21 heures devant ses troupes réunies dans le XVe arrondissement de Paris. «J'éprouve des sentiments de profonde reconnaissance envers tous les Français qui ont voté pour moi, même si le résultat n'est pas à la hauteur de mes espérances», a expliqué le candidat défait. «Je termine cette campagne comme je l'ai commencée, en homme libre qui n'aura pas transigé avec ce qu'il est ou ce qu'il pense», a-t-il ajouté sous les vivats de ses partisans. Il a ensuite félicité «François Fillon pour sa large victoire» avant de lui apporter son soutien. «Je lui souhaite bonne chance pour sa prochaine campagne présidentielle et la victoire en mai prochain», a précisé Alain Juppé. Puis il a annoncé qu'il allait se «consacrer pleinement» à son travail de maire de Bordeaux. «J'ai donné quarante ans de ma vie au service de la France et cela m'a apporté de grands bonheurs et quelques peines», a conclu l'ancien premier ministre la voix serrée.

«Besoin de tout le monde»

 

François Fillon accueilli sous les applaudissement de ses soutiens qu'il vient remercier pour l'avoir désigné candidat de la droite et du centre.

À 21h10, François Fillon, à son tour, a pris la parole. «La primaire de la droite et du centre est close», a annoncé le grand vainqueur de la soirée devant ses proches rassemblés à la Maison de la chimie. «La victoire me revient», s'est-il félicité en précisant qu'il s'agissait à ses yeux d'une «victoire de fond bâtie sur des convictions». L'homme, qui n'a jamais douté de son succès, même quand les sondages le donnaient à 8 % au premier tour il y a quelques semaines, explique avoir «senti cette vague qui a brisé tous les scénarios écrits d'avance».

Pour «mettre un terme» à un quinquennat qu'il juge «pathétique»,François Fillon a expliqué qu'il aura «besoin de tout le monde». Sa première pensée est allée à Nicolas Sarkozy, l'ancien président, qui a été éliminé dès le premier tour. Dans un court communiqué, celui-ci avait, quelques minutes plus tôt, adressé ses «sincères félicitations» au vainqueur et lui avait souhaité «bonne chance pour le combat politique qui l'attend».

«J'ai maintenant le devoir de convaincre tout un pays»

 

François Fillon a ensuite - et ensuite seulement, ce qui n'a pas échappé aux juppéistes - parlé de son concurrent du second tour. Le député de Paris lui a adressé «un message d'amitié, d'estime et de respect». «Alain Juppé est un homme d'État et il le reste», a souligné l'ex-premier ministre. «Aucun candidat n'a démérité. Cette campagne fut digne», a-t-il poursuivi au terme d'un entre-deux-tours durant lequel il n'avait pas apprécié les attaques de son concurrent sur ses positions concernant l'IVG, le réalisme de son programme et la crédibilité de ses promesses. Avec la magnanimité des vainqueurs, François Fillon a tendu «la main à tous ceux qui veulent reconstruire notre pays».

L'ancien député de la Sarthe a enfin ouvert la perspective des combats à venir. «Il y a dans notre pays un immense besoin de respect et de fierté. Il y a aussi un appel à l'autorité de l'État, a estimé le candidat à la présidentielle.Dès demain, l'essentiel commence. J'ai maintenant le devoir de convaincre tout un pays. J'ai le devoir de vaincre l'immobilisme et la démagogie. La gauche, c'est l'échec, l'extrême droite, la faillite. Je vais relever avec nos compatriotes un défi original en France: celui de la vérité et d'un changement complet de logiciel.»

«Ce n'est pas Alain Juppé qui m'a blessé, ce sont les photographes»

 

Dans cette soirée où tout est allé très vite, François Fillon et Alain Juppé se sont ensuite retrouvés, à 21 h 40, au siège de la haute autorité de la primaire pour une poignée de main symbolisant le rassemblement. Petit détail: le député de Paris arborait une cicatrice sur l'arête du nez dont il épanchait le sang avec un mouchoir. «Ce n'est pas Alain Juppé qui m'a blessé, ce sont les photographes», a-t-il précisé, un sourire en coin.

Toute la journée, des rumeurs ont couru sur l'organisation de ce moment clef, qui voit les adversaires afficher leur entente retrouvée. En 2011, les concurrents de la primaire socialiste s'étaient retrouvés rue de Solferino pour fêter le vainqueur, François Hollande, et immortaliser le moment. Cette année, Laurent Wauquiez aurait aimé que les retrouvailles aient lieu sous ses auspices au siège de LR, rue de Vaugirard. Et pourquoi pas avec tous les candidats, y compris ceux éliminés au premier tour. Mais les deux finalistes ont préféré répondre à l'invitation politiquement plus neutre d'Anne Levade et de Thierry Solère, qui ont organisé la compétition.

«Continuer à porter une parole claire et défendre nos convictions avec une détermination totale»

 

Le président par intérim de LR a cependant salué la réussite du processus de désignation du candidat à la présidentielle, en posant deux conditions à la victoire en 2017. «La première, c'est le rassemblement, a expliqué Laurent Wauquiez. La seconde condition, c'est de continuer à porter une parole claire et de défendre nos convictions avec une détermination totale.»

En attendant que François Fillon prenne la main sur l'appareil et organise les négociations avec les partenaires centristes (lire ci-dessus), un premier sondage est venu combler d'aise le grand vainqueur de la primaire. Selon une étude Harris Interactive réalisée pour Public Sénat et LCP, le nouveau champion de la droite arriverait en tête au premier tour de la présidentielle. Avec 26 % des intentions de vote, il devancerait Marine Le Pen de deux points. Tous les autres prétendants sont distancés. Dans l'hypothèse où François Hollande serait candidat, le président sortant recueillerait 9 % des suffrages, derrière Emmanuel Macron (14 %) et Jean-Luc Mélenchon (13 %).

Harris Interactive a aussi testé le cas de figure où Manuel Valls représenterait le PS: le premier ministre serait également crédité de 9 % des voix, derrière Mélenchon (15 %) et Macron (13 %). Dans la perspective du second tour, 67 % des intentions de vote se porteraient sur François Fillon, contre 33 % pour Marine Le Pen. La perspective a de quoi faire tourner bien des têtes. Peut-être pas celle de François Fillon qu'aucun sondage ne donnait vainqueur de la primaire il y a quelques jours encore.

lefigaro.fr  

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