DOCUMENT SUR LE SECTEUR DE LA PECHE, PAR LE CHEF DE FILE DE L'OPPOSITION DEMOCRATIQUE

mer, 07/14/2021 - 13:57

J'ai adopté la méthode des visites de terrain dans le but d'examiner de près les problèmes des citoyens et d'être à l'écoute de tous les acteurs dans leurs différentes positions et responsabilités, afin d'obtenir une image plus réaliste et crédible de la souffrance et des problèmes des citoyens, loin des impressions d'une part et des images roses de l'autre.

Une visite de travail dans la ville de Nouadhibou entre le 8 et le 10 avril 2021 m'a permis de voir la réalité des habitants de la ville, et les conditions de la pêche, qui est l'un des plus importants piliers de l'économie nationale, et le principal moyen de vie de la population de cette ville.

Le présent rapport présente un diagnostic de l'état de lieux du secteur de la pêche et des défis actuels auxquels il est confronté. Il présente également des propositions pour faire avancer le secteur afin de surmonter la situation catastrophique actuelle qu'il traverse, dans l'espoir d'inciter les partenaires du secteur à faire un diagnostic participatif sérieux qui conduit à des approches nationales globales qui s'attaquent aux multiples déséquilibres auxquels il est confronté.

Le présent rapport comprend les axes:

Le premier axe : la place centrale du secteur de la pêche dans l'économie nationale

Le deuxième axe : Un diagnostic de l'état actuel du secteur de la pêche

Le troisième axe : Main d'œuvre et problèmes d'emploi

Le quatrième axe : Situation des ports

Le cinquième axe : Suggestions/propositions

 

 

 

La place centrale du secteur de la pêche dans l'économie nationale :

La République islamique de Mauritanie a une côte sur l'océan Atlantique, d'une longueur de 750 km, caractérisée par une richesse halieutique immense et diversifiée, avec 700 espèces, dont 200 à valeur commerciale. Seulement 6 espèces sont exploitées au niveau local et marchés commerciaux internationaux (90 milles marins au nord et 30 milles marins au sud) et le second est le climat marin, où la confluence du courant chaud du désert et du courant froid des Canaries offre une atmosphère propice à la reproduction des poissons.

La contribution du secteur de la pêche maritime s'élève à 23,9 milliards d’ouguiyas) MRU), soit 9,4% du produit intérieur brut, selon les statistiques de 2018. Le secteur emploie environ 66 460 travailleurs, selon les statistiques de 2017, dont 42 900 dans la pêche artisanale, 6 200 dans la pêche côtière (sur la plage), et 4 800 dans la pêche industrielle. .

Notre pays entretient des relations économiques historiques avec l'Union européenne, ce qui lui a permis de conclure un partenariat important avec elle, car la Mauritanie a permis aux navires des pays de l'Union européenne de pêcher dans ses eaux, ce qui lui a permis de capturer environ 225 000 tonnes de poisson par an, en retour pour un paiement de 110 millions de dollars par an. Notre pays a également signé un protocole d'accord avec certains investisseurs saoudiens en 2013, et une société saoudienne a investi 300 millions de dollars dans la pêche à la crevette dans les eaux mauritaniennes. Cela s'ajoute à de nombreux opérateurs économiques et investisseurs asiatiques, qui bénéficient de grands avantages économiques dans ce secteur. Cependant, force est de constater que ces accords ont peu d'impact sur l'amélioration des conditions de vie des habitants de Nouadhibou et sur la réalité de cette ville vitale.

 

Diagnostic de l'état des lieux du secteur de la pêche :

L'ampleur des grands risques qui menacent le secteur de la pêche maritime dans notre pays ne fait plus l'objet d'aucun doute, ces risques sont devenus plus clairs cette année à la lumière de la grave pénurie de poisson due à plusieurs facteurs, notamment l'épuisement des stocks de poissons à cause des usines de farine et d'huile de poisson, qui ont affecté à la fois la sécurité alimentaire et les opportunités d'emploi.

Ces inquiétudes sont renforcées par l'affirmation d'un récent rapport international préparé par Changing Markets en coopération avec Greenpeace Africa Network selon lequel la Mauritanie est le premier fournisseur de la région aux usines européennes, puisqu'elle produit à elle seule 110 000 tonnes de farine de poisson, dont 18 % destinées au marché européen, et produit 35 000 tonnes d'huiles de poisson, dont 70 % sont destinées au marché européen.

La pression à laquelle la pêche mauritanienne est soumise et les risques environnementaux causés par les pratiques des navires de pêche étrangers, notamment chinois et turcs, contribuent également à l'augmentation du prix des produits de la mer sur les marchés locaux, notamment les poissons pélagiques, qui sont les composantes les plus importantes du système alimentaire mauritanien.

En outre, l'entrée de certains navires géants de pêche industrielle dans les eaux territoriales mauritaniennes est devenue la plus grande menace pour la pêche mauritanienne, par l'utilisation de méthodes de pêche interdites par les conventions internationales pour l'équilibre vital des mers et des océans, car ces navires utilisent des filets capables de pelleter toute la vie marine, y compris les espèces de poissons rares et interdits de pêcher.

Nous avons ainsi constaté un certain nombre des défis les plus importants auxquels est confronté le secteur de la pêche maritime dans notre pays, que nous présentons comme suit :

Absence d'un mécanisme de contrôle efficace pour assurer la préservation des pêcheries renouvelables face à l'épuisement massif et systématique par les flottes étrangères

Existence d'accords déloyaux et ambigus avec certaines sociétés étrangères, ayant des contenus suspects, et un faible revenu au profit du pays et de son économie. Par exemple: les travailleurs (mauritaniens) des entreprises chinoises sont très peu nombreux, leurs salaires sont faibles, leurs droits ne sont pas protégés et leurs contrats sont illégaux. De plus, l'entreprise Hongdong n'achète rien sur le marché local. Tous ses besoins viennent directement de Chine.

Pillage des richesses et la destruction de l'environnement marin menés par les navires de pêche chinois et turcs à travers l'utilisation de filets de pêche interdits, en plus de la destruction de la vie marine et de l'épuisement des richesses halieutiques.

Absence d'industries locales ou transformatrices qui apportent une valeur ajoutée aux produits de pêche nationaux.

Absence d'une stratégie nationale concrète et efficace qui contribue effectivement à la mauritanisation des emplois, contrairement à certaines expériences dans la sous-région, où ce secteur absorbe des centaines de milliers de citoyens avec l'encouragement des gouvernements.

Certains investisseurs/opérateurs locaux ont cherché des profits avides au détriment de l'intérêt public en complimentant avec leurs partenaires étrangers. Un exemple flagrant dans ce domaine est celui des entreprises de farine de poisson qui enfreignent clairement leurs obligations en matière de protection de l'environnement et exploitent des poissons propres à l'usage humain

 

 

Main d'œuvre et problèmes d'emploi :

Le secteur de la pêche maritime en Mauritanie constitue une grande opportunité d'absorber un important pourcentage de main-d'œuvre nationale et peut jouer un rôle majeur dans l'amélioration des conditions de vie des ménages mauritaniens. Malgré cela, la main-d'œuvre mauritanienne travaillant dans le secteur de la pêche souffre de :

Faibles salaires et traitements

Manque des CDI

L'existence de déséquilibres majeurs dans le système de sécurité sociale y compris au niveau de sa couverture des travailleurs

Manque de prise en charge des retraités et faiblesse de leur pension (5000 MRU tous les trois mois)

Un groupe important de retraités n'a pas bénéficié de l'augmentation de 100% annoncée par le Président de la République au profit des retraités.

Défaut par les employeurs de déclarer le nombre réel de leurs travailleurs, ce qui entraîne la perte des droits à la retraite de ceux-ci.

La faiblesse des soins de santé et le manque d'assurance maladie pour une grande partie de la classe ouvrière

Accidents mortels fréquents et détérioration et destruction des filets et pêcheries des petits pêcheurs par les grandes flottes

Procédures contentieuses lentes et non-application de nombreuses décisions de justice. Par exemple, il y a un dossier qui comprend 105 personnes contre la société Hongdong à la Cour suprême il y a 4 ans sans règlement.

La faible expérience des nouveaux travailleurs et l'absence de formation professionnelle efficace leur permettant de rivaliser avec la main-d'œuvre étrangère.

Exploitation de milliers de personnes simples et marginalisées à travers la sous-traitance (Tâcheronnat)

Grand manque de procédures de sécurité pour de nombreux métiers de la pêche.

 

 

Situation des ports :

L'immensité des frontières/côtes maritimes mauritaniennes, la diversité des pêcheries, leur importance quantitative, et l'ambition de créer une zone franche efficace et attractive sont des facteurs qui poussent notre pays à la nécessité d'augmenter le nombre des ports maritimes et de développer les principaux ports existants pour pouvoir utiliser leur capacité pour servir l'intérêt national.

Ainsi, après avoir visité le port autonome de Nouadhibou et le port de la Baie du repos, je me suis rendu compte d'un certain nombre de défis et de lacunes, et je considère que le fait de les relever est une nécessité nationale primordiale; il s'agit de :

Accélérer la création d'un port capable d'accueillir des navires géants, un projet qui sera complété par le réseau ferroviaire que les États du Sahel entendent mettre en place.

Doubler la capacité du port de la baie du repos, qui s'élève à 1200 bateaux, alors qu'il reçoit 5000 bateaux.

L'absence d'une police navale en charge de la gestion de la sécurité du secteur

L'absence de délimitation des frontières maritimes du port de la baie du repos.

La nécessité d'augmenter les équipements de levage de marchandises.

Le besoin d'équipements d'excavation et de tracteurs.

Le besoin d'une plate-forme flottante pour le transport de navires.

Besoins d'équipements de levage de navires.

La nécessité de construire des postes d'amarrage fixes.

La nécessité de réhabiliter la barrière rocheuse (du littoral).

La nécessité de prendre en charge financièrement et moralement le personnel administratif pour promouvoir les capacités de production des deux ports.

La nécessité de construire de nouveaux ports pour alléger la pression sur le port de la baie du repos et offrir de nouvelles opportunités d'emploi.

 

Suggestions/propositions :

                La richesse halieutique renouvelable avec laquelle Allah a bénie notre pays nécessite une rationalisation et une bonne exploitation de la part de divers acteurs ; la première responsabilité incombe ici à l'Eta en tant que pouvoir public et décideur ayant la capacité de réorganiser ce secteur, qui fait face à des problèmes structurels multidimensionnels.

Par conséquent, je présente pour résoudre ces problèmes les suggestions et propositions suivantes:

La nécessité d'organiser des journées de concertation élargies et spécialisées auxquelles participent toutes les forces nationales avec des experts et des investisseurs afin d'élaborer une stratégie qui permette une exploitation optimale de cette richesse et la préserve au profit des générations futures.

Développer une stratégie nationale globale qui protège les travailleurs nationaux de ce secteur d'une manière qui leur assure une vie décente, contribue à protéger leurs droits et promouvoir leurs performances

Examiner/réviser tous les accords injustes conclus avec les flottes étrangères.

 Mise à jour du code du secteur de la pêche à la lumière des résultats des journées consultatives proposées.

 Créer une police de l'environnement et activer son rôle pour assurer la protection des pêcheries et de leur environnement écologique.

 

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