La déclaration historique du MND de 1987 et le fameux « compromis historique et et processuel de l´UFP avec Ould Taya, parlons en!

dim, 10/09/2016 - 18:53

J´ai interpellé tout récemment l´éminence grise des ex-cocos du MND, leur timonier Moustapha Ould Bedredine secrétaire général de l´UFP suite à sa malencontreuse et malveillante sortie dans le Calame contre les participants au dialogue national : « ce qui se passe au palais des congrès ne peut pas s’agir d’un dialogue, c’est juste une rencontre romantique entre Aziz et un groupe de ses amis qui ont le même agenda et qui n’ont aucune divergence sur les points de vue. ces amis vont se rencontrer pour faire des échanges amusants et boire quelques rafraîchissements » et il poursuit sa verve: « Nous, en tant que politiques, nous ne sommes concernés ni de prés ni de loin par rien de cela. Cette rencontre romantique entre Aziz et ses amis n’exprime ni le point de vue du peuple mauritanien ni celui de son opposition »..

Depuis quand sommes-nous devenus des « amis » du Général-putschiste de Nouakchott ? Voilà la sentence est tombée, l´ancien copain de Taya et théoricien du fameux dialogue en solo ou du « compromis historique processuel » avec le despote le plus sanguinaire de l´histoire politique de la Mauritanie qui s´attaque sans fioritures des partis indépendants qui ont décidé de discuter librement avec d´autres mauritaniens sur l´avenir de notre pays.

Qui a mandaté l´ex-coco Ould Bedredine pour dire qui représente dignement le peuple ou l´opposition mauritanienne? C´est quoi être opposant selon notre ex-coco du MND? Est-ce que quelqu´un qui a eu le courage de serrer les mains du colonel Ould Taya entachées du sang du peuple mauritanien ose nous parler de moralité en politique? Ces messieurs ressortent leur archaisme habituel pour critiquer tout ce qui refuse de raisonner en terme de « nègres de service » ou de suivre leur aventure politicienne. Nous pouvons leur concéder qu´ils ont raison de « s´opposer » mais c´est peut-être un peu trop tôt; en effet, la seule opposition qui leur sied étant celle d´alliés naturels et de toujours du Système. On ne le dira jamais assez l´erreur dans l´analyse est l´une des qualités premières des « marxistes » mauritaniens.

Quant à l´opposition ou à la résistance du peuple mauritanien face à l´état raciste, elle concerne tout le peuple mauritanien dans son ensemble sans distinction de race ou de classe sociale. C´est le paradigme que nous avons rappelé et voulu concrétiser en Mauritanie qui nous a valu la dénonciation(MND EN 1987), la répression, l´exil, jusqu´à l élimination physique de ceux que nous comptions de plus chers dans notre mouvement.

Sur l´histoire du MND, le département de la presse et de l´information des FLAM avait produit un document en décembre 1997 intitulé « Le MND DE LA LUTTE DES CLASSES À LA LUTTE DES PLACES » signé à Dakar. Un document que feu Habib Ould Mahfoudh avait voulu diffuser et qui lui avait valu la censure des alliés conjoncturels du MND en 1998. Dans ce document historique nous revenions sur la responsabilité du MND dans l´assassinat de nos camarades dans leur fameuse déclaration de 1987.Je vais essayer de vous rafraichir la mémoire sur ce qu´on écrivait, en réponse au document  » Ensemble surmontons crises, différends et conflits pour le Salut de la Mauritanie » Document signé par Boubacar Moussa et Mohamed Ould Maouloud.

Qui ne se souvient du tract publié par ce groupe en novembre 1987, suite à la tentative du « putsch » des jeunes officiers Négro-africains( à l état de projet) qui invitait ouvertement le pouvoir à châtier? et Taya châtia sévèrement: les jeunes lieutenants Ba Seydi, Sy Saidou et Sarr Amadou exécutés froidement un matin du 6 décembre 1987 à Djreïda.

Une déclaration qu´ils regrettent certainement aujourd´hui mais qui restera jamais dans les années de l´histoire.

Jamais dans l´histoire de notre pays, une formation politique ne s´est jamais abaissée à un tel comportement à l´ égard de ses adversaires. En effet, après avoir écrit que les: « putschistes avaient-ils la conscience de conduire leur pays vers un drame à la libanaise? Et plus loin il poursuit, » la guerre raciale, qu´est-ce donc sinon le suicide pour la Mauritanie… qu´ils (les nationalistes négro-africains) incitent à la violence raciale et tentent même, par l´action terroriste et putschiste de mettre le feu à la maison commune est inadmissible: c´est un crime contre notre peuple multinational »(SPN). Voilà ce qu´écrivait entre autres le MND dans sa déclaration du 8 novembre 1987. Peut-on trouver meilleure facon d´inciter, encourager le pouvoir à frapper fort? De tels propos, quoiqu érronés, formulés par un mouvement politique, même moribond comme l´était le MND dans le contexte de l´époque où les arrestations s´opéraient, où le pouvoir cherchait encore quel dénouement donner à cette crise sans précédent, de tels propos donc constituèrent, sans nul doute un appui politique immense pour le pouvoir; une invite, un encouragement sans équivoque à châtier durement les « putschistes ». Voilà pourquoi la responsabilité du MND dans le verdict rendu à Jreïda le 3 décembre 1987 est lourde. Les auteurs de la déclaration du 8 novembre 1987 (MND) porte sur leur conscience l´exécution des jeunes militants: Sarr Amadou, Ba Seydi et Sy Saidou Daouda: que la terre leur soit légère. Amine!

 

Le jour viendra où ils devront répondre de cette responsabilité devant l´histoire.

Comme ils doivent aussi répondre sur leur silence assourdissant après l´arrestation des auteurs du manifeste du négro-mauritanien opprimé en septembre 1986 et leur silence pendant la déportation et l´assassinat des prisonniers politiques Négro-mauritaniens à Oualata en 1988. Qu´est-ce qui expliquait leur silence? La peur ou la complicité avec le pouvoir du colonel Ould Taya?

L´honorable députée du MND-UFP nous explique leur réaction par leur opposition à tout putsch mais notre question est de savoir s´il leur une fois, une seule fois, arrivé de prendre position ou de sortir une déclaration lors des nombreuses et inombrables tentatives des officiers « arabo-berbères »( Et Dieu sait qu´íl y en a eu), J´aurai aimé que notre honorable députée nous explique comment se faisait-il que la seule fois où des Noirs ont tenté un coup, on en racourci trois et fait croupir les autres en prison ou en résidence surveillée!!!

N´est-ce pas dans la même déclaration que le MND écrivait:  » Le 22 octobre dernier, un putsch pas comme les autres a été déjoué de justesse ; un groupe de jeunes militaires Haal-Pulaar avait envisagé de renverser, par les armes, l’équilibre politique existant depuis 1960, entre les nationalités composant notre peuple. Imaginer pouvoir remettre en cause cet équilibre par la conspiration et la violence, à partir d’une position sectaire hostile à la majorité arabe et ne tenant aucun compte de l’avis et des intérêts réels des minorités négro-africaines, frise la démence. » et le document de poursuivre : « De quels droits jouissent les minorités au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Zaïre, etc… Et dont sont privées celles de Mauritanie ? »

Magistrale négation de l´exclusion et de la marginalisation des Noirs, magistrale négation de l ´hégémonie politique, économique, culturelle arabo-berbère en Mauritanie! Plus grave, le MND trouve la situation des Noirs acceptable et normale en tant que « minorité »!

Ils acceptent que « l équilibre politique », entre les composantes nationales tel qu´il se manifeste(Noirs dominés, Beydanes dominants) est juste et ne doit-être remise en cause, sous aucun prétexte. Voilà encore pourquoi le MND fut toujours incapable de prévoir l´évolution tragique inéluctable de la crise. Aussi fut-il surpris par les évènements et pris dans la tourmente de ces dernières années. Et quand ces évènements se produisirent, il ne sut pas encore une fois apprécier à leur juste valeur la cause de ses positions obsolètes et figées. Et quand par ses silences complices, il n´adoptait pas un profil bas (les événements de 1989), il exhortait le pouvoir raciste à châtier sévèrement les nationalistes noirs en 1987. Le MND , dans l´acte d´évacuation de la question nationale de son champ théorique est resté aveugle aux évènements de 1989 du fait de sa cécité politique et sécheresse conceptuelle. C´est cette bévue mortelle qui lui vaut de mourir en MND pour se réincarner en FRUIDEM pendant les années de braise.

En politique comme ailleurs , les attitudes figées caractérisées par la transposition mécanique des théories d´ailleurs au détriment d´une prise en charge concrète des réalités empiriques de l´ici et du maintenant sont toujours sanctionnées par une grande impopularité dans les masses fondamentales.

Les « nationalistes étroits » en palpant du doigt les véritables plaies de la Mauritanie(sans opportunisme conjoncturel) , ont payé une très lourde facture par leur propre sang pour la réalisation des conditions d´une indispensable mutation de la société mauritanienne pour la démocratisation et l émergence des libertés individuelles et collectives pour tous les enfants du pays Négro-africains et Arabo-berbères.

LLC!

Kaaw Elimane Bilbassi Touré

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