L’argent n’a pas d’odeur/El Wely Sidi Haiba

sam, 03/24/2018 - 22:24

Les mauritaniens sont-ils simplement à la merci de la faiblesse de leur esprit?

C’est dans les toilettes publiques de la Rome antique, que les romains procédaient à la collecte de l’urine, qu’ils stockaient en suite dans de grandes cuves pour y tremper leur linge afin de lui rendre sa blancheur grâce à l'ammoniac. Sur ce, Vespasien  aurait déclaré que, malgré la puanteur dégagée par les cuves, elles étaient une source de revenus considérables et que « l’argent n'avait pas d’odeur ».

Ceci étant pour la belle histoire, il n’en demeure pas moins qu’en Mauritanie, terre de l’islam malékite sunnite sans partage, ce proverbe prend dans sa considération valeur et force d’un  hadith du prophète. Une prouesse dont seuls les mauritaniens détiennent le secret. Plus que cela, c’est la botte difficilement dissimulable des peu-scrupuleux parmi eux, et ils sont légion, à tous les niveaux de l’échelle de la puissance qui fait force de foi et de loi au détriment de la religion et des valeurs humaines.  

L’odeur qui se dégage de tout argent bien mal acquis, dans le pays des contrastes spectaculaires, n’à point de qualificatif, en tout cas pas celui de roussi ou de puanteur de charognes.

Et si en plus de cela, toutes les odeurs pestilentielles, réfutées pour leur nature nauséabonde douteuse, ne passent ailleurs que comme telles, en Mauritanie, encore régie par l’esprit de la « Siba » et ses valeurs vicieuses, ces odeurs deviennent comme par enchantement ambre et musc.

Ces temps-ci une gentrification galopante transforme les villes de Nouakchott et de Nouadhibou. Sans doute ce phénomène, bien régulé, pèserait positivement dans la balance du développement, appellerait les investissements étrangers et crédibiliserait le pays, dont l’image changeant, serait ainsi bien vendu.

Or mal entreprise, avec l’argent mal acquis par le détournement des deniers publics, le recèle de la sueur du peuple et le blanchiment à travers tous les procédés malveillants, la gentrification peut devenir une source de marasme économique patent. Bien plus que cela, elle pourrait tout au contraire enfoncer le clou rouillé dans l’épais tissu d’un pays fragile et meurtri depuis l’indépendance par l’absence d’élites politique, intellectuelle et religieuse honnêtes, efficaces et patriotiques.

 C’est malheureusement en toute impunité qu’une poignée d’hommes, de jeunes immatures et de femmes, issus pour la plupart d’une nouvelle bourgeoisie féodale, mafieuse, opportuniste, qui s’installe gauchement, arrogamment et déballe, en toute liberté, sans scrupules, ni remords, mais sans peur aussi ni recul, toutes leurs stratégies de maitrise du champ de cette gentrification mal engagée.

Mais c’est aussi par ce que le peuple dans sa grande majorité, est encore bien enchevêtré dans ces mêmes entendements féodaux, hélas, encore bien vivaces,  que cet état des choses passe tout normalement.

N’est-ce pas qu’en cet état de déliquescence les mauritaniens sont-ils, dans leur ensemble, toujours à la merci de la faiblesse de leur esprit? 

 

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