L'UFP appelle l’ensemble des composantes du peuple mauritanien à œuvrer pour une solution juste et définitive au passif humanitaire (Déclaration)

mar, 11/28/2017 - 13:59

 Il y a aujourd’hui vingt-sept ans, s’est déroulé l’événement le plus tragique et le plus sombre que la Mauritanie aura jamais vécu. Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, à Inal, vingt-huit militaires, sous-officiers, marins et soldats négro-africains de l’armée mauritanienne, furent froidement assassinés, par la méthode ignoble de la pendaison. 

Leurs assassins étaient des officiers et des hommes de troupes exécutant un plan ourdi, selon toute vraisemblance, aux plus hauts niveaux de l’armée et de l’Etat.

L’acte innommable de la nuit du 27 au 28 novembre 1990, était l’ultime abomination d’une sanglante et interminable liste de massacres et de crimes odieux. Entre le mois d’octobre 1990 et le mois de février 1991, toutes les garnisons militaires du pays ont été transformées en camps de concentration. 

Des centaines de militaires négro-africains y furent soumis à d’atroces souffrances : torturés, électrocutés, enterrés vivants, traînés sur la pierraille ou écartelés, par des véhicules, battus à mort. Selon des estimations partielles, plus de 500 y trouvèrent la mort. Plus de la moitié des victimes ont péri au camp d’Inal.

Ces événements s’inscrivaient dans une vaste tragédie, dont les premiers actes furent les pogroms anti-maures, au Sénégal, et anti-sénégalais, en Mauritanie (avril 89). Dans notre pays, les émeutes largement suscitées et encadrées par les autorités, se muèrent, en quelques jours, en une politique systématique d’épuration ethnique visant les populations négro-africaines. 

Dans les villes, des milliers de fonctionnaires, d’ouvriers et d’employés mauritaniens furent arrêtés sur leur lieu travail où à leur domicile, dépouillés de leurs biens et de leurs pièces d’état civil. 

Dans les campagnes, des dizaines de milliers d’éleveurs et d’agriculteurs furent dépossédés de leur bétail et arrachés à leurs terres. Des dizaines de milliers de citoyens mauritaniens furent expulsés de force de leur patrie et déportés au Sénégal. Plusieurs autres milliers furent obligés de se réfugier au Mali.

Le régime de Ould Taya, l’essentiel du commandement militaire et des responsables des forces de sécurité furent les concepteurs et les exécutants d’un plan qui faisait de la Mauritanie à la fois un territoire d’exclusion et un camp de concentration, plan dans la conception et l’exécution duquel, l’ampleur et la responsabilité de certaines forces politiques reste à déterminer 

Pour empêcher de faire la lumière sur ces événements, le 29 Mai 1993, le parlement vote une loi d'amnistie immorale interdisant toute poursuite des responsables de ces crimes odieux. 

Près de quinze ans plus tard, le 29 juillet 2007, se lève un léger vent d’espoir. Dans une intervention radiotélévisée, le président Sidi Ould Cheikh Abdallah, élu à l’issue de la phase de transition, reconnaît la responsabilité de l’Etat dans les événements de la période 89-92, et s’engage à œuvrer pour que justice soient rendue aux victimes et à leurs ayant droits et à assurer le retour des Mauritaniens déportés au Sénégal et réfugiés au Mali.

Depuis le coup d’Etat contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallah (août 2008) tout est remis en cause. Le pouvoir du général Ould Abdel Aziz s’active, dans le cadre de la même volonté que la loi d’amnistie, pour taire la vérité, refuser la justice et le droit à une juste réparation en vue d’une réconciliation saine, à même de préserver l’unité nationale. 

Dans ce cadre, il cherche à réduire la solution du passif humanitaire à des mascarades du genre de celle de la prière de Kaédi, et à un simple versement d’allocations aux veuves et aux orphelins des militaires assassinés, assorti d’un chantage aux rescapés et aux ayant-droits des victimes des massacres de 1991.

L’objectif visé par ce qui ressemble à un achat de conscience, est l’amnésie volontaire et l’effacement de nos mémoires du martyre subi par des citoyens innocents dont la vie a été anéantie du fait de la politique raciste d’un pouvoir. 

De même que l’impératif de l’unité de la nation mauritanienne requiert des politiques et des mesures autrement moins futiles que deux bandes horizontales rouges sur un drapeau ou une modification de l’hymne national, le règlement du passif humanitaire exigent que soient réalisés dans les faits les principes de vérité et de justice, de réparation, du devoir de mémoire, dans un esprit de pardon et de réconciliation. 

C’est ainsi que la lumière sur les pages sombres de notre histoire, contribueront à éclairer l’avenir de notre pays en restaurant et renforçant son unité nationale 

C’est à ces conditions, qu’un jour, des charniers d’Inal, d’Azlat, de J’Reïda et des tombes anonymes d’innocentes victimes de la haine raciste se lèveront des matins de justice et de fraternité pour notre pays.

Dans les conditions actuelles, l’unité nationale est mise en péril, et conformément à ses principes, l’UFP appelle l’ensemble des composantes du peuple mauritanien à œuvrer pour une solution juste et définitive au passif humanitaire. 

Les 28 victimes des pendaisons de la nuit du 27 au 28 novembre 1990 sont : 

1-Adjt-chef Abdoulaye Djigo 

2 -1ère classe Samba Baba Ndiaye 

3 -1ère cl. Samba Oumar Ndiaye 

4 -1ère cl. Ibrahima Diallo 

5 -1ère cl. Mamadou Hamadi Sy 
6 -Sgt Mbodj Abdel Kader Sy

7 -2e cl. Samba Demba Coulibaly 

8 -2e cl. Demba Diallo 

9 -1ère cl. Amadou Saïdou Thiam 

10 -1ère cl. Mamadou Oumar Sy 

11 -1ère cl. Abdarahmane Diallo 

12 -1ère cl. Mamadou Ousmane Ly 

13 -Caporal Mamadou Demba Sy 

14 -Soldat Alassane Yéro SARR 

15 -Capl Amadou Mamadou Bah

16 -Sgt-chef Lam Toro Camara 

17 Sgt-ch. Souleymane Moussa Bah 

18 -2e cl. Oumar Kalidou Bah 

19 -Sgt Amadou Mamadou Thiam 

20 -Sgt Samba Sall 

21 -2e cl. Abdoulaye Boye Diallo 

22 -1ère cl. Cheikh Tidiane Dia 

23 -2e cl. Samba Bocar Soumaré 

24 -1ère cl. Moussa Ngaïdé 

25 -1ère cl. Siradio Lô 

26 -1ère cl. Demba Oumar Sy 

27 -Sergent Adama Yero Ly 

28 -Caporal Djibril Samba Ba

Nouakchott, le 27/11/2017

Le Comité permanent 

 

 

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