Moilla Mint Sidi Ali François prend sa retraite pour finir dans une belle ambiguïté.

mer, 09/28/2016 - 09:03

Pour les fonctionnaires il y’a deux sortes de retraites; celle qui met fin à l’exercice de la fonction, avant de faire sombrer son sujet dans l’anonymat et celle qui vous met en face d’une oeuvre de carrière ouvrant sur des horizons sans cesse plus larges et plus neufs.

La retraite de Moilla Mint Sid Ali François évoque, elle, une carrière qui parle pour les déroulements les plus satisfaisants; tant pour le service public, dont elle a une idée qui frôle le sacerdoce, que pour les usagers, qu’elle a su éduquer par les exemples vivants de sa vie quotidienne.

Pendant 35 ans de bons et loyaux services, au cours desquelles Mint Sidi Ali François dirigeait la PMI d’Aioun, notre retraitée a donné le meilleurs d’elle-même au point de constituer une référence pour l’ensemble des habitants du Hodh El Gharbi.

A Aioun, Moilla a été témoins d’événements marquants (mariages, promotions, élections etc.) dont les auteurs et parfois héros, sont nés sur ses mains et dont les mères ont été encadrées par ses soins sur toutes les politiques de santé maternelle et infantile.

Sortie sage femme d’État en 1981, Moilla a pris en charge le service de PMI d’Aioun et, fait rare, c’est en assurant la responsabilité de ce même service, qu’elle a fait valoir ses droits à la retraite en 2016. 35 ans passés à donner la primauté à la médecine au détriment des idées reçues, des tabous et des habitudes nocives.

Moilla quitte la fonction mais continue d’habiter les coeurs. Elle quitte une PMI sur laquelle son souvenir planera encore très longtemps. Elle quitte la fonction mais reste un pôle de soins, de conseils, d’assistance et d’encadrement inestimable et gratuit pour les habitants du Hodh.

J’ai demandé à un cadre originaire d’Aioun, sur quoi repose l’excellente réputation de Moilla, sa réponse est venu spontanée, précise et sans l’ombre d’une complaisance: « tout d’abord, avait-il dit, Moilla est la fille de feu Sidi Ali François, dont la vie a été consacrée au bien qu’il cultivait autours de lui. Sur ce plan, elle a donc de qui tenir, et sur le plan professionnel, Moilla a été un modèle de professionnalisme, de conscience professionnelle et de gestion des ressources.

Dans l’inconscient collectif d’Aioun, Moilla est à jamais liée à la santé, les naissances, les soins des mères et enfants. Elle est liée à la confiance qu’inspirent les gens de médecine et au respect qu’ils suscitent. Elle est la représentation de l’espoir pour toutes femme enceinte et qui rencontre des difficultés ou même des problèmes financiers ou d’équipements.

La disponibilité de Moilla, l’assistance des nécessiteux, dont elle fait un devoir sacré et son abnégation, font terminer sa carrière dans le dénuement matériel mais l’habillent d’un honneur et d’une respectabilité, dont ne peuvent se prévaloir que de très rares cadres mauritaniens.

Si après 35 de carrière, Moilla va à la retraite sans avoir accumulée des richesses, elle tire sa révérence avec les honneurs et le sentiment d’avoir servi son pays dans le respect scrupuleux des lois et du serment d’Hypocrate.

Moilla n’a certes pas besoin de décoration pour courroner sa carrière mais la Mauritanie officielle n’a pas le droit de laisser une si belle conception du devoir finir dans l’ambiguïté, même une belle ambiguïté.

 

M. S. Beheite

Adrar-info

SMS ATLASINFO