Trump va-t-il infliger un nouveau camouflet à Macron ?

sam, 06/17/2017 - 04:41

Après avoir dénoncé l'accord de Paris, le président américain semble décidé à refuser la création d'une force africaine antiterroriste proposée par la France.

Le président des États-Unis ne manque pas une occasion de répéter qu'il n'y a pas meilleur pourfendeur de djihadistes que lui. Et d'ailleurs il tente de le prouver en dénonçant – au risque de créer une crise dans les royaumes et émirats du Golfe – des pays comme le Qatar, soupçonnés d'avoir financé le terrorisme.

Pourtant ses promesses et ses engagements lyriques se heurtent rapidement au mur de ce qu'il considère comme les intérêts bien compris des États-Unis. Si on ne peut lui reprocher, en effet, de ménager ses efforts militaires pour en finir avec Daech en Syrie ou en Irak, il ne semble pas décidé à aider ses alliés qui combattent sur d'autres fronts la même lèpre islamique. Et notamment la France, qui depuis janvier 2013, aux côtés de ses alliés africains, tente de l'endiguer dans le Sahel. « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cette région devenir un sanctuaire pour les terroristes du monde entier », a déclaré François Delattre. L'ambassadeur de France à l'ONU défendait, devant le Conseil de sécurité, ce projet qui prévoit la création d'une force permanente de 5 000 hommes. Elle serait composée de contingents de cinq pays, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina-Fasso.

Les objections américaines sont de trois ordres :

- D'abord ils trouvent trop floue notre définition du terrorisme dans une zone où les ennemis d'hier peuvent devenir les amis du jour, comme c'est le cas avec certains groupes touareg qui après avoir aidé la rébellion privilégient aujourd'hui leur objectif d'autonomie. Cette objection a été levée avec une définition plus précise des groupes terroristes : ce sont ceux que désigne comme tels l'ONU.

- Ensuite ils considèrent qu'il y a déjà, dans le cadre de l'ONU un contingent de 12 000 casques bleus au Mali et qu'une force panafricaine serait superfétatoire. Ce à quoi les militaires français font remarquer que le contingent de l'ONU, d'ailleurs peu entrainé et mal équipé, est une force de maintien de la paix, dont la mission est plus celle d'une police que celle d'une force combattante. Ils sortent peu de leurs casernes, ne sont guère opérationnels et malheureusement ont un niveau de perte important qui découle de leur manque d'aptitude au combat.

- Enfin la principale objection américaine est d'ordre financier. Trump a promis qu'il diminuerait les engagements des États-Unis sur les théâtres d'opérations extérieurs. Il a pourtant laissé ses généraux gonfler les forces spéciales en Syrie et en Irak pour hâter la prise des derniers bastions djhadistes et vient même d'autoriser d'éventuels renforts en Afghanistan que déciderait seul le Pentagone. Mais il veut éviter de contribuer à financer via l'ONU un nouveau contingent de troupes – qui plus est étrangères – au Sahel.

Theresa May, alliée française ?

Les motivations françaises sont évidemment à l'opposé. La France, avec les opérations Serval, puis maintenant Barkhane qui mobilise 4 000 hommes, huit Mirages 2000, 16 hélicoptères de combat et plus de 600 véhicules blindés, voudrait alléger un peu son effort. Et comme les casques bleus de l'ONU ne peuvent prendre le relais, a germé cette idée d'une force permanente, opérationnelle et aguerrie, susceptible d'intervenir dans tous les pays de la région en cas de menace terroriste.

Emmanuel Macron, qui semble avoir réussi à mettre Theresa May, mardi soir, de son côté, espère maintenant convaincre les Américains de ne pas opposer leur veto au projet français, mais de s'abstenir. Notamment en rappelant que nous avons voté le financement d'une force americano-africaine en Somalie, qui est pourtant loin de notre zone d'influence. L'abstention américaine donnerait à la fois sa chance au projet de force panafricaine, mais surtout éviterait un sérieux refroidissement entre Paris et Washington après la rebuffade subie au début du mois sur l'accord de Paris pour le climat.

lepoint.fr

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