« Les pratiques discriminatoires sont encore très répandues, mais l’heure n’est pas au désespoir dit l’OHCHR (Déclaration) .

mar, 03/21/2017 - 12:16

Chaque année, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale nous rappelle à tous de redoubler d’efforts pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie, le discours et les crimes haineux.

Cependant, le 21 mars ne doit pas se limiter à un simple rappel. Les personnes d’ascendance africaine continuent d’être victimes de racisme et de crimes racistes motivés par la haine, dans tous les domaines de la vie.  L’hydre hideuse de l’antisémitisme essaime depuis les États-Unis jusqu’en Europe, au Moyen-Orient, et au-delà. Dans certains pays, les femmes musulmanes qui portent le foulard se heurtent toujours davantage à la violence verbale et même physique. En Amérique latine, les populations autochtones restent en proie à la stigmatisation, y compris dans les médias.

Les dangers de la diabolisation de certains groupes sont visibles à travers le monde. Une nouvelle flambée d’émeutes xénophobes et de violence à l’encontre des immigrés a récemment frappé l’Afrique du Sud.  Le Soudan du Sud, sous l’effet de la polarisation ethnique – alimentée par le discours haineux, est au bord de la guerre ethnique. Au Myanmar, la communauté musulmane Rohingya, longtemps perçue à tort comme un groupe «d’immigrés en situation irrégulière», a souffert d’effroyables abus.

Et partout dans le monde, la politique de division et la rhétorique de l’intolérance ciblent les minorités raciales, ethniques, linguistiques et religieuses, ainsi que les migrants et les réfugiés. Les mots de la peur et de l’aversion peuvent avoir des conséquences bien réelles. 

Les statistiques du gouvernement britannique ont révélé une forte augmentation des crimes de haine signalés dans les semaines qui ont suivi le référendum du 23 juin 2016 sur l’adhésion à l’Union européenne, qui faisait la part belle à l’immigration.

Les chiffres du FBI ont indiqué une hausse des crimes de haine à l’échelle nationale en 2015, au moment où a véritablement été lancée la campagne présidentielle américaine – souvent axée sur les soi-disant menaces posées par les migrants, les hispaniques et les musulmans.  Selon les données recueillies par le Southern Poverty Law Center, les migrants,les afro-américains et les musulmans ont été les plus touchés par les crimes haineux au lendemain de l’élection, bien que l’on ne dispose pas encore de données complètes pour l’année 2016.

En 2016, l’Allemagne recensait près de 10 attaques quotidiennes sur des migrants et des réfugiés, soit une hausse de 42 % par rapport à 2015. Les cas de crimes haineux signalés ont plus que triplé en Espagne à partir de 2012, pour atteindre 1 328 cas en 2015.  Les cas rapportés par l’Italie sont passés de 71 à 555 en 2015 et ils ont doublé en Finlande entre 2014 à 2015, date à laquelle 1 704 incidents ont été signalés.

Ces chiffres brossent un tableau partiel de la situation des pays concernés, mais bon nombre de pays ne recueillent pas de données sur les crimes de haine racistes, empêchant ainsi d’évaluer véritablement l’ampleur du problème. Or, pour lutter contre le racisme et la xénophobie, il faut comprendre l’étendue du problème. J’encourage les États à redoubler d’efforts pour recueillir des données ventilées, y compris sur la base de la race et de l’origine ethnique, afin de pouvoir surveiller les tendances, comprendre les causes et concevoir et mettre en œuvre des mesures ciblées en vue d’instaurer un véritable changement.

Cette journée nous rappelle qu’il est injustifiable que les États permettent au racisme et à la xénophobie de se développer, et encore moins de prospérer. Au plan légal, il leur incombe d’interdire et d’éliminer la discrimination raciale, et de garantir le droit de chacun, indépendamment de sa race, sa couleur ou son origine nationale ou ethnique, à l’égalité devant la loi.

Les États devraient adopter une législation interdisant expressément les discours de haine racistes, y compris la diffusion d’idées fondées sur la supériorité ou la haine raciale, l’incitation à la discrimination raciale et les menaces ou l’incitation à la violence. Il ne s’agit pas de porter atteinte à la liberté de parole, ni de faire taire la controverse ou la critique; il s’agit de reconnaître que l’exercice de la liberté d’expression est soumis à des devoirs et des responsabilités. 

Nous vivons dans un monde où les pratiques discriminatoires sont encore très répandues. Mais l’heure n’est pas au désespoir.

Dans bien des pays, les organismes pour l’égalité de traitement et les institutions nationales des droits de l’homme œuvrent en faveur de la prévention et de la lutte contre la discrimination. Certains organismes d’application de la loi tiennent compte des normes internationales des droits de l’homme dans le cadre de leurs actions, parce que la loi les y oblige, certes, mais aussi en raison de l’efficacité accrue qui en résulte dans le domaine du maintien de l’ordre. De même, les professionnels de l’éducation et de la santé, ainsi que les «bons» employeurs, s’attaquent aux préjugés raciaux, ethniques et religieux et recensent les profils type qui existent dans leurs secteurs. Les progrès accomplis ici doivent se poursuivre, notamment à travers la discrimination positive, la formation et la représentation des minorités ethniques et raciales.

L’ONU a lancé plusieurs initiatives de lutte contre le racisme et la xénophobie, notamment ENSEMBLE qui favorise le respect, la sécurité et la dignité pour les réfugiés et les migrants, Je dis NON au racisme ainsi que la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

Mon Bureau, le Haut-Commissariat des NU aux droits de l’homme, lance un appel au monde entier: «Défendez les droits de quelqu’un aujourd’hui! Et c’est précisément ce que beaucoup de personnes font, aux quatre coins du globe. Prendre position contre la discrimination, où qu’elle se produise.

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